SEfFB: Faut-il rendre le travail à temps partiel plus attrayant ? - 10/2023

SEfFB: Faut-il rendre le travail à temps partiel plus attrayant ?

Le syndicat des enseignantes et enseignants bernois Formation Berne a réalisé un sondage pour tenter d’expliquer les raisons du nombre élevé de temps partiels parmi les enseignant·es. Les premiers résultats ont de quoi interpeler.

 

La situation sur le marché de l’emploi en Suisse est marquée par deux caractéristiques principales : le taux de chômage est historiquement bas ( 2 % en Suisse fin aout ), et certains secteurs économiques peinent à recruter du personnel. Parmi ces métiers « sous tension » figure l’enseignement. Lors de la rentrée scolaire d’aout, le canton de Berne avait accueilli davantage d’élèves à l’école obligatoire qu’une année plus tôt, avec très exactement 111'400 enfants, contre 110'400 en 2022. Mais en parallèle, une trentaine de postes d’enseignantes et d’enseignants restaient à repourvoir, essentiellement dans la partie alémanique. Conséquence: des classes seront temporairement regroupées, en raison de la pénurie d’enseignantes et d’enseignants, surtout du côté germanophone.

Cette différence entre les parties alémanique et francophone du canton de Berne est difficile à expliquer, puisque les statuts des enseignantes et des enseignants sont à peu près les mêmes. Cette pénurie, qui ne touche pas que la Suisse, possède donc sans doute des explications sociologiques plus profondes. Elle est essentiellement due à la conjonction du départ à la retraite de la génération des babyboomers et de l’augmentation du nombre d’élèves. Autre ébauche d’explication: la féminisation de plus en plus marquée dans la profession. Or une grande partie des enseignantes travaillent à temps partiel. Le taux important d’enseignantes et d’enseignants travaillant à temps partiel étant souvent cité comme la raison principale de la pénurie, Formation Berne voulait en savoir plus sur les raisons du travail à temps partiel et a donc réalisé un bref sondage du 30 aout au 4 septembre 2023. Près de 5000 réponses ( 4656 réponses pour la partie alémanique et 288 pour la partie francophone ) ont été reçues dans ce court laps de temps.

 

Famille, santé, surcharge

Ce sondage avait été envoyé aussi bien à des enseignantes et enseignants des trois cycles qu’aux personnes travaillant dans des écoles de musique, dans l’enseignement spécialisé ou dans les directions des établissements publics. Premier constat: plus du trois quarts des personnes concernées – c’est-à-dire occupant un emploi à temps partiel – sont des femmes. Parmi elles, 29 % ont un taux d’activité entre 50 % et 69 % et 37 % un taux entre 70 % et 89 %. Si ces membres du corps enseignant francophone du canton de Berne ont opté pour un temps partiel jusqu’à 80 %, c’est d’abord pour pouvoir assumer en parallèle des responsabilités familiales ( 40 % ). Autre principale motivation : la santé et la charge de travail de cette profession ( 28 % ). Parmi les autres justifications de ce choix : le besoin de pouvoir disposer de suffisamment de temps libre, l’absence d’une offre d’un taux de travail plus élevé, d’autres engagements professionnels, des engagements politiques ou associatifs ou encore l’absence d’une nécessité financière.

Mais est-il envisageable que ces enseignantes et ces enseignants travaillant à temps partiel acceptent d’augmenter leur taux d’activité, notamment pour contribuer à combler cette pénurie? Les réponses à ce sondage ont aussi de quoi interpeler. L’égalité est quasi parfaite. Un peu plus de 40 % des personnes ayant répondu à cette enquête l’affirment : « Je ne peux pas m’imaginer augmenter mon temps de travail de plus de 5 % dans les cinq prochaines années. » Et un peu moins de 40 % rétorquent : « Je peux m’imaginer augmenter mon temps de travail de plus de 5 % au cours des cinq prochaines années. » Enfin, dernière question intéressante posée : « Supposons qu’un taux d’occupation minimum de 50 % soit exigé – comment réagissez-vous ? » La majorité affirme qu’elle se soumettrait à une telle injonction, mais une très forte minorité admet ignorer quelle serait sa réaction. À l’évidence, la réponse sera politique. Elle passera peut-être par une hausse des salaires, une revalorisation de la profession, l’abandon de travaux administratifs et une liberté pédagogique accrue. •

 

Mohamed Hamdaoui

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