J'éduque, donc je lis  - 10/2023

J'éduque, donc je lis 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Catherine Ledrapier (2023). Éducation scientifique dès la maternelle. Clés pour une démocratisation de l’esprit scientifique. Éd. Chronique sociale. Préface de Philippe Meirieu.

Un travail intellectuel réel dès le plus jeune âge, compatible avec le respect de l’enfance ?   Une gageüre ! Développement d’une posture de recherche, élaboration de l’esprit critique, apprentissage de l’argumentation, la problématisation, la conceptualisation, la modélisation … tout ce qui caractérise les Sciences, de la maternelle à l’université, est là. Intégré dans une éducation globale, attentive aux valeurs humanistes de l’Éducation Nouvelle. Les exemples de pratiques concernent les jeunes enfants. Et par ce fait même, font comprendre ce qui garantit au mieux, au cœur de tout acte de transmission, l’apprentissage de la démocratie. Cette nécessité d’un vécu de groupe, permettant à chacun·e de trouver du sens à ce qu’il ou elle fait. Pour lui-même, elle-même et pour le collectif. Le livre convainc. Comme la volonté de l’auteure d’être claire sur les différents domaines de recherche sur lesquels elle s’appuie.

 

 

2

 

Philippe Meirieu (2023). Qui veut encore des professeurs ? Éd. Seuil. Coll. Libelle.

Quand une société ne sait pas attirer les jeunes générations vers les métiers de l’éducation, comment ne pas être inquièt·e ? Philippe Meirieu l’est. Alors en cinquante pages, il agit. En rappelant le sens, les enjeux, la portée d’un métier d’enseigner qui vaut le coup qu’on s’y engage. Il propose, décrit, défend cette mission aussi fondamentale que passionnante à donner aux profs d’instruire sans enfermer, de transmettre sans clôturer. Demeure à rendre possible cette mission. Et Meirieu ne s’y trompe pas : accueillir des élèves-chercheur·es, les placer dans des situations d’enquête, les pousser toujours plus loin dans leur compréhension des choses et du monde, l’idée séduit. Ce pas est alors à franchir par bien des sociétés : autoriser l’enseignant·e à s’engager dans une conception de l’apprentissage sans fin, qui ne s’arrête ni aux sentences d’une évaluation ni à la seule efficacité des connaissances acquises.

 

3

 

Cynthia Fleury (2023). Un été avec Jankélévitch. Éd. Équateurs et France Inter.

Lire Vladimir Jankélévitch (1903-1985), c’est lire un philosophe majeur. Du temps, de l’instant, des je-ne-sais-quoi et presque-rien qui composent pour lui le courage, la justice, le plaisir, l’amitié, la fidélité, le sérieux. Et tout ce qui fait la vie. Métaphysicien, penseur de l’histoire, moraliste (ainsi…amoureux des gens), il est au secours de notre pensée quand elle cale, devant l’imprescriptible ou l’impardonnable.

L’auteure, professeure de philosophie, titulaire d’une chaire intitulée Humanités et santé et d’une autre Psychiatrie et neuroscience fait (re)découvrir Jankélévitch avec passion. « On ne s’ennuie pas quand on lit Jankélévitch, écrit-elle, car il avait l’ennui en horreur ; tuer le temps est une occupation indigne à ses yeux. » Soulignons combien on ne s’ennuie pas non plus avec ce livre qui stimule notre engagement, notre courage. Et nous invite à l’action, ici et maintenant.

 

4

 

40 voix pour les Soulèvements de la Terre (2023). On ne dissout pas un soulèvement. Éd. du Seuil.

Ce livre montre bien comment des mouvements se créent aujourd’hui face à l’urgence de stopper l’accaparement et l’empoisonnement de la terre et de l’eau par le complexe agro-industriel. Et comment de tels mouvements nés pour résister au ravage en cours sont à la fois si essentiels et si réprimés. Ce mouvement s’est levé en France durant l’hiver 2021. Avec des manifestations traduisant la colère et les aspirations par des gestes concrets. Des désobéissances civiles. Et non par de vaines supplications adressées à celles et ceux qui gouvernent, vu·es en passe de détruire la possibilité même d’un avenir sur Terre. Non sans rappeler que depuis des siècles, du nord au sud, des mouvements populaires se sont battus pour défendre cette idée simple : la terre et l’eau sont des biens communs. La culture de résistance que pratiquent les auteur·es du livre et de nombreux jeunes, n’est-ce pas un problème à aborder en classe ?

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