Yves Reuter (2024). Comprendre et combattre l’échec scolaire. L’articulation entre pédagogies et didactiques. Éd. Berger Levraut.

L’auteur montre comment l’échec scolaire se construit, au moins en partie, à travers des fonctionnements pédagogico-didactiques courants. Tout en montrant l’intérêt de certaines pratiques alternatives d’équipes d’enseignant·es retournant la situation. Ce constat d’un chercheur aussi reconnu est essentiel tant ces pratiques sont souvent ignorées, voire dévalorisées. L’auteur s’appuie sur les recherches des didactiques, à travers le prisme des contenus et sur les pédagogies, à travers le prisme des dispositifs et des démarches. Ces deux éclairages rendent visible une lutte contre l’échec scolaire possible. L’accent porté sur les élèves en situation de pauvreté, particulièrement touché·es par les difficultés scolaires, fait de cet angle mort de l’institution scolaire et de nombre de recherches, une loupe puissante rendant plus compréhensibles encore les bénéfices des pistes proposées. Pour tous et toutes les élèves.

Sihame Chkair et Sylvain Wagnon (dir). (2023). Les données probantes et l’éducation. Éd. De Boeck.

La méthodologie de recherche de données quantitatives dites probantes, inspirée de la recherche médicale, se propose d’évaluer les effets de différentes pratiques éducatives par des méthodes expérimentales rigoureuses avec des essais contrôlés. Ces données fournissent des résultats considérés comme des preuves, menant à des conclusions qui peuvent servir de base à la prise de décision. Apparue aux États-Unis et au Royaume-Uni à la fin des années 1990, c’est dès 2006 que l’Union européenne joue un rôle important dans la promotion de l’utilisation de telles données. Le livre pose la question de leurs conceptions, productions, évaluations, usages et finalités. Cette pratique est-elle vraiment généralisable ? De telles données peuvent-elles guider les choix à faire dans un domaine aussi complexe que l’éducation ? Des doutes persistent sur la transférabilité de cette méthodologie de la médecine à l’éducation.

Denis Cristol (2024). Apprendre à l’ère de l’intelligence artificielle. Révolution, Défis, Opportunités. Éd. ESF

L’intelligence artificielle (IA) bouleverse le monde de l’éducation et de la formation. Au niveau individuel, l’IA nous permet d’externaliser de plus en plus de facultés de notre cerveau. Moins sollicité·es pour produire des calculs, nous rêvons de gagner en liberté et en créativité. Mais les usages répétés de l’IA vont-ils atrophier les capacités réflexives de l’espèce humaine ? Cet ouvrage est un « contrepoint » à l’éloge ambiant de l’intelligence artificielle, dont il brosse les enjeux et les limites. L’auteur s’intéresse au croisement de « l’Intelligence Artificielle » et de « l’Apprenance », ce pouvoir, savoir et vouloir apprendre. Il nous invite à réfléchir aux implications éthiques de ces avancées technologiques sur la pédagogie et révèle les questions philosophiques qui en découlent. Un livre qui invite à cultiver le discernement, oser l’aléatoire, exercer l’esprit critique voire … la désobéissance !

Aurélie Laborde (2023). Violences numériques et résistances au travail.
Éd. De boeck.

L’auteure étudie par une recherche-action les violences numériques dans le monde du travail et les changements qu’elles induisent. Elle s’intéresse aux pratiques de communication non débattues ou cachées, dans la sphère professionnelle numérique. 

Ces violences ordinaires traduisent des transformations profondes des formes de communication et de coopération au travail. Il s’agit de violences relationnelles et symboliques médiatisées par notre équipement numérique, qui sont invisibles et largement tolérées dans les organisations, alors même qu’elles produisent de la souffrance, intentionnelle ou non, conscientisée ou non par les acteurs.

Les résistances discrètes aux technologies et les potentialités de ces technologies pour soutenir et actualiser les résistances professionnelles sont envisagées ici dans leurs dimensions positive et créative. Comme éléments constitutifs de la vie des organisations.