Alors que le nouveau cadre général de l’évaluation (CGE) version 2015 est disponible, il est temps de s’arrêter, une nouvelle fois, sur cette thématique. Le CGE définit avec justesse le cadre dans lequel les élèves sont évalués. Une certitude: si tout semble clair, cela reste compliqué.

Dans ce nouveau cadre général de l’évaluation, il est important de relever en premier lieu deux phrases, certes cachées dans les conclusions, mais qui ont leur importance: «La présente version s’applique en l’état et sans restrictions supplémentaires à l’ensemble des établissements de l’école obligatoire. Les directions et les enseignants s’y conforment » (page 43).

Cette indication, qui était présente lors des premières éditions du CGE, avait disparu dans l’avant-dernière. Suite aux demandes de la SPV, on peut heureusement à nouveau la lire dans la dernière version de la directive relative à l’évaluation. C’est une bonne nouvelle, car ces phrases explicitent de façon limpide qu’une injonction interne exigeant de faire les mêmes tests aux mêmes jours et à la même période n’est qu’une restriction supplémentaire qui dépasse le CGE. Ce dernier précise d’ailleurs que «(…) sous la responsabilité du conseil de direction, les enseignants coordonnent le nombre, la fréquence et la répartition des travaux par une concertation entre collègues d’un même cycle ou d’une même année» (page 11).

Les enseignants restent donc maîtres, dans le cadre du CGE, de l’évaluation. Une des bonnes nouvelles de cette récente version se trouve dans le tableau récapitulatif du nombre de travaux significatifs (page 11). On peut constater avec satisfaction, comme le relève l’AVEP1 ci-contre, qu’en 3e année le nombre minimum de tests peut être réduit en raison de l’entrée progressive dans l’évaluation sommative. Excellente décision qui permet aux élèves un passage en douceur dans le monde merveilleux des notes. Diminuer le nombre de tests pour prendre davantage de temps à la formation ne semble malheureusement pas être la tendance actuelle.

S’appuyant sur quelques retours, la SPV constate le nombre impressionnant – à la limite d’une évaluation qui a du sens – de tests dans certains degrés. En 7-8e, on a entendu que trois à cinq tests par semaine (assimilés ou significatifs) sont prévus pour des élèves de 11 ans. Autant dire que le risque de passer autant de temps à évaluer qu’à enseigner est grand. De plus, l’anglais tend à accélérer cette course aux notes. Même si l’on peut souligner l’introduction de cette langue étrangère dans l’école primaire vaudoise, la question de l’évaluation de l’anglais avait été remise en question par la SPV*. Une étude de l’IRDP par ailleurs avait indiqué que la pression exercée par les notes pouvait avoir des conséquences négatives sur la motivation à apprendre l’anglais.

Dernièrement, dans le cadre d’une étude sur les langues, le sociologue Jacques Amos dénonçait «(…) qu’à l’école on sanctionne les fautes, mais on ne récompense pas les capacités de communication**». Ennuyeux pour apprendre une langue… Evaluer, oui. Mais pas trop. Laissons du temps aux apprentissages.

* cf. billet SPV de l’Educateur, n°10, 2014.

** Le Temps, 29 septembre 2015, Les Suisses bilingues… en anglais.