Les enseignants? Des professionnels de l’enseignement
Le titre ressemble à une lapalissade, mais pourtant. Nous faisions déjà allusion à cet aspect dans le dernier numéro de l’Educateur. Il faut sans cesse se battre pour faire reconnaître et respecter ce professionnalisme. Vis-à-vis de quelques commissions d’écoles, heureusement rares, mais aussi au-delà.
Les parents, et c’est légitime, sont soucieux pour l’avenir de leurs enfants. On doit se féliciter de cet intérêt. Mais ils ne doivent pas imaginer que leur propre expérience scolaire et l’éducation qu’ils donnent désormais à leurs enfants leur attribuent des compétences pédagogiques, des compétences d’enseignants. Les parents ont une vision émotionnelle et sentimentale de leur enfant. L’enseignant, pour qui l’enfant de chaque parent devient un élève parmi d’autres, a une approche professionnelle dans laquelle le respect de chacun est fondamental, et où la notion d’exigences occupe une place essentielle. Ses compétences pédagogiques l’amènent à chercher la meilleure voie pour chaque élève afin qu’il atteigne les objectifs fixés. Si la collaboration avec les parents est indispensable, il n’est par contre pas question que ceux-ci expliquent à l’enseignant comment… enseigner.
Compétences réelles limitées
Si cette absence de considération et de reconnaissance du professionnalisme des enseignants existe chez quelques parents, elle est aussi perceptible dans quelques commissions d’écoles, composées trop souvent et trop fortement de... parents d’élèves. Une réflexion sur l’incompatibilité en la matière doit être menée sérieusement. Dissocier son rôle de parent de son rôle de commissaire chargé de la surveillance générale de l’école n’est pas forcément simple. C’est humain. Cette notion de surveillance est d’ailleurs parfois mal comprise. Il faut rappeler aux nouvelles commissions issues des dernières élections communales que leurs compétences réelles se limitent au mobilier et à l’immobilier scolaires. Les chaises et les bancs sont-ils adéquats et en suffisance dans chaque classe? Les équipements scolaires répondent-ils aux besoins de l’enseignement? Dès que l’on dépasse ces aspects, le rôle de la commission est de faire part de ses soucis quant au fonctionnement d’un enseignant aux personnes compétentes en la matière: le directeur, si des attributions pédagogiques lui sont accordées à l’avenir, puis le Service de l’enseignement.
Droits et devoirs d'information
Où l’absence de reconnaissance du professionnalisme des enseignants est très gênante, c’est dans le domaine des informations sensibles relatives à un élève. L’enseignant n’a pas le droit de signaler à son successeur que tel ou tel élève souffre d’une pathologie justifiant des précautions à prendre, pour le bien de l’élève. Les pleins pouvoirs sont laissés aux parents de signaler ou non ces éléments à chaque enseignant. Lorsqu’un élève est suivi par le Centre médico-psychologique (CMP), l’enseignant est amené à apporter une foule d’informations au psychologue du CMP, mais il n’a droit à aucun retour, ne serait-ce que pour pouvoir adopter ou éviter certains comportements avec l’élève en question. Que l’ensemble du cercle scolaire ne soit pas mis au courant des problèmes de l’élève considéré est justifié. Mais que les professionnels de l’enseignement qui passent des dizaines d’heures chaque semaine avec des dizaines d’élèves n’en soient pas informés est inacceptable. L’enseignant doit pouvoir tenir compte de tous les éléments constitutifs de sa classe pour la gérer au mieux dans l’intérêt de tous les élèves. On doit se demander jusqu’à quel point le droit personnel des parents de ne pas informer peut justifier la création de situations qui mettent en danger l’élève suivi, l’enseignant qui en a la responsabilité, et les autres élèves de la classe qui ont droit à un enseignement de qualité, mais qui est perturbé par des comportements inexpliqués et inexplicables. Tous les professionnels qui interviennent dans la prise en charge d’un élève doivent pouvoir échanger à ce sujet avec un degré de connaissances similaires. Gros dossier que le SEJ a mis en haut de sa pile de revendications.
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