La vie de rêve des petites maîtresses

La vie de rêve des petites maîtresses

A l’occasion de notre récente Assemblée des délégués, j’ai eu l’occasion d’échanger quelques propos avec des collègues qui y avaient consacré leur soirée. Au repas partagé à l’issue de la séance, le hasard a voulu que je côtoie des enseignantes du cycle 1 et ce que j’ai appris m’a sidéré!

On célèbre (ou on pourrait le faire) les trente ans d’existence de l’école enfantine officielle dans notre canton. Il y a quinze ans, la création de la HEP BEJUNE formant l’ensemble des enseignants des cycles 1 et 2** a achevé d’assurer un statut équivalent aux titulaires des classes d’école enfantine à celui de leurs collègues des autres degrés primaires.

Supposées flattées d’être enfin considérées comme des enseignantes (presque) comme les autres, les enseignantes des deux premiers degrés doivent cependant trop souvent encore faire face à des remarques condescendantes et se voient confier des charges que l’on n’oserait pas exiger des autres enseignants***. L’autorité n’étant pas à une contradiction près, elle tire argument de la charge horaire «réduite» des enseignantes en oubliant que c’est aussi une des raisons qu’elle invoque pour les sous-payer!

Il ne s’agit pas ici de dénoncer les conditions de travail imposées par une direction en particulier****. Il semble hélas qu’on ait affaire à un mauvais pli, largement répandu, hérité de la période où ces enseignantes étaient encore de «simples» employées communales.

Un exemple parmi d’autres

Monika*****, enseignante expérimentée – sans être à la veille de la retraite – a déjà vécu une bonne demi-douzaine de déménagements de classe au cours de sa carrière. Ceux-ci ont bien sûr toujours lieu durant les vacances d’été. S’ils se déroulent durant la première semaine des vacances, il semble évident à sa direction que l’enseignante n’a rien de mieux à faire à ce moment-là que d’emballer, empaqueter tout son matériel après avoir déjà passé plusieurs week-ends à trier, ranger la classe et évacuer à la déchetterie avec sa propre voiture ce qu’elle ne conserve pas. Parfois, il lui faut même acheter des meubles et des accessoires chez Ikea, les monter ensuite. Il lui arrive aussi de devoir réceptionner d’autres équipements particuliers et, finalement, il lui reste à installer la classe (disposer les meubles, poser les rideaux, décorer la salle et ranger le matériel scolaire dans les armoires).

Etrangement, tous ces déménagements ont toujours été perçus comme parfaitement «normaux» par les autorités, qui estiment même rarement utile de lui adresser leurs remerciements pour son dévouement. Monika imagine bien sûr que les déménagements ont pour but un meilleur confort des élèves ou une amélioration des conditions de travail. Or, il lui est arrivé de quitter des locaux modernes, spacieux et fonctionnels, récemment aménagés… pour voir sa classe finalement moins bien logée.

Et puis, parmi les talents multiples que les autorités prêtent encore à Monika et à ses collègues, il y a la maîtrise des outils bureautiques. Le secrétariat du cercle s’étant montré incapable d’assurer avec succès le publipostage des courriers à envoyer aux futurs élèves, on leur demande de s’en charger, car «elles le feront tellement mieux». Une fois de plus, aucun signe de gratitude à attendre, comme si ça faisait partie du «job». Ne noircissons pas exagérément le tableau: l’administration rembourse quand même les timbres qu’elles ont dû acheter…

A côté de cela, il y a pourtant encore le métier que Monika a choisi par passion, l’accueil des enfants, le plaisir de les voir progresser, mais aussi, depuis quelques années, la gestion d’un nombre croissant d’élèves à besoins éducatifs particuliers, qui n’ont de loin pas tous été détectés avant de les lui confier. Elle est donc appelée à remplir un nombre impressionnant de formulaires, à faire appel à sa direction, à participer à des réseaux… et à attendre des mois un éventuel octroi de mesures de soutien.

Ainsi chahutées, les collègues de Monika sont toujours plus nombreuses à songer à abandonner la carrière dans laquelle elles s’étaient pourtant lancées avec enthousiasme. Ça vous étonne?

 

* Une fois n’est pas coutume, l’ensemble des enseignant-e-s est ici traité au féminin

** Y compris les deux années d’ex-école enfantine

*** Synthèse de plusieurs témoignages, l’exemple ci-dessous est conforme à bien des réalités individuelles

**** Certaines d’entre elles pouvant même être exemplaires en d’autres circonstances 5 Prénom d’emprunt

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