Jean-Pierre Fragnière. (2014). Pratiques solidaires. 99 mots pour dire la solidarité. Sierre (Ch): Ed. A la carte.

Voilà un titre qui sent la collection: à coup sûr on n’aurait pas choisi «98 mots pour dire…». Avec «99» - «100» marche aussi très bien – on peut avoir l’impression de faire le tour d’un sujet. Ici, il s’agit de la solidarité. Et l’auteur, qui a su se limiter ou ratisser large, s’en tire très bien. On passe ainsi de l’aide sociale à l’utilité publique, de l’individualisme à l’individuation, de la résilience au respect. De la démocratie au communisme. De la compliance à la fragilité. En n’oubliant aucune valeur plus noble: le bonheur, la bienveillance, la générosité, la fraternité… Chaque chapitre peut se lire séparément, et tous se concluent sur une citation. Histoire de prolonger la réflexion. Sénèque y côtoie Edwy Plenel, le remuant cofondateur de Mediapart. Et, actualité oblige, notons au mot «Humour» la phrase de Georges Wolinski: «L’humour est le plus court chemin d’un homme à un autre.»

Arnaud Robert. (2014). Journal d’un Blanc. Ed. L’Aire.

Haïti vous intrigue? Vous parlez d’elle avec vos élèves sans y être allé? Vous lisez la rubrique de notre Educateur Lekol an Ayiti de Céline Nerestant? Vous ne comprenez pas pourquoi les sommes qui ont été récoltées lors du tremblement de terre n’ont pas encore été distribuées aux bons endroits? Alors ce livre est pour vous. L’auteur est un journaliste suisse. Cette série de chroniques, il l’a écrite, dès 2012, à la demande du Nouvelliste, le seul quotidien d’Haïti. Elles disent nos visions extérieures, nos questions posées, notre lecture des travers minuscules, des forces identitaires et des proses rimées qui agitent un pays réduit en général par les médias à ses catastrophes. Tous ces textes courts questionnent notre regard sur l’autre. Et nous poussent page après page à cet espoir: le jour où les Blancs ne viendront plus seulement sur cette île pour la sauver. Mais pour l’aimer.

Pierre Frackowiak, Dessins de Jacques Risso. (2012). L’Ecole en rire, en pleurer, en rêver. Chronique sociale.

Les contrôleurs du travail des enseignants – l’auteur a été inspecteur – font parfois autre chose: ils profitent de prendre le pouls de l’Ecole d’aujourd’hui. Et écrivent en toute légitimité des livres, parlent sur les ondes, sont présents sur internet, donnent leur avis sur beaucoup de choses. Le lecteur se retrouve à tout coup dans les problèmes présentés. Ils sont français, mais ressemblent aux nôtres. L’homme frappe juste. Avec la fougue qu’on lui connaît, il dénonce: l’acharnement évaluationniste qui gangrène l’école, l’humiliation ou la violence ordinaires, la tyrannie du temps (ah «la bordélisation des dernières 10 minutes!»), etc. Après chaque démolition, on respire: de nombreuses planches de bandes dessinées détendent l’atmosphère. Et les recettes miracles sont absentes. La piste: un appel à aller au bout des réflexions devenues indispensables. Pour faire du neuf. Archi neuf.

Education permanente. (2014). Education permanente et utopie éducative. Actualité d’Henri Desroche. N˚ 201.

Henri Desroche (1914-1994), occupe une place centrale dans le domaine de la formation des adultes. Sociologue de l’espérance et du développement, créateur de l’autobiographie raisonnée, il a travaillé la question de l’éducation permanente comme une dialectique entre recherche et action. Pour Desroche, tout adulte porteur d’une expérience professionnelle ou sociale porte en lui une créativité qui peut trouver son expression moyennant certaines conditions: pouvoir se dévoiler comme acteur du changement via l’apprentissage continu, par la recherche, pour lui-même comme pour sa communauté ou son territoire. Dans cette vision du monde, l’élargissement des possibilités d’éducation n’est pas qu’un instrument au service d’une prétendue croissance économique. Il répond à un besoin puissant et créatif: celui de contribuer réellement à l’émancipation de la personne et au développement endogène de la société.