Deux ou trois mots sur le changement
La gestion du changement est difficile à débattre sereinement dans notre profession: pour certains, tout changement est synonyme de malaise, de fâcherie ou de démotivation; pour d’autres, c’est une chance à saisir, qui ouvre la porte à une mise sur orbite renouvelée ou même une composante ordinaire.
D’aucuns préfèrent l’ignorance: «De toute manière, comme le prix des allumettes d’autrefois, rien ne change jamais, ni vraiment…» La vie quotidienne de l’école donne à celles et ceux-ci – hélas? – en bonne partie raison.
D’autres se calfeutrent dans le refus, le blocage, les injonctions subies: «Ça change tout le temps, je ne fais plus le même le métier, qu’ils viennent voir dans nos classes, ça marchait très bien jusqu’ici… » C’est la peur qui domine. Le nez dans le guidon, les collègues qui revêtent ce manteau de misère courent droit dans le mur du burn-out.
Et puis, il y a le changement solaire, vivifiant, que l’on construit ensemble, au parfum de progrès: «Un nouveau Plan d’études? Ouvrons-le! Une nouvelle organisation du travail? Enfin… la solitude, ça suffit! Une proposition de formation continue? C’est une chance!…» Ces collègues engagés, participants, ouverts et positifs sont légion. Trop enthousiastes, parfois même, locomotives qui ont tendance à oublier les wagons.
En cette rentrée 2013, l’école vaudoise et ses servants font face à une avalanche de nouveautés.
Des trois attitudes brièvement évoquées plus haut, ne retenons que la troisième, qui se saisit des éléments nouveaux et leur donne du sens, seule manière d’absorber les deuils et les pertes pour mieux intégrer les valeurs ajoutées de la nouveauté.
Mais pour ce faire, faut-il d’abord que soit insaturé un climat de confiance. Et qu’à celui-ci toutes et tous puissent concourir. Du plus haut de la hiérarchie jusqu’à celle ou celui – et, après tout, cela reste une option, voire un droit – qui ne se considérerait que comme un simple exécutant.
Qu’ensuite on n’appuie jamais ses opinions sur des rumeurs. On sait que la salle des maîtres en bruisse à foison.
Sont nécessaires aussi des lieux et des temps pour que les résistances puissent être exprimées et intégrées aux travaux d’élaboration d’un projet nouveau. Quand ça coince, rien ne sert d’obliger, de multiplier les consignes et les prescriptions. Ce qu’il faut, c’est débattre, expliquer, mettre à plat. Pour ensuite pouvoir rebondir. Dire et se dire surtout que ce n’est pas parce que certaines choses changent que les pratiques du passé devraient être condamnées.
Se dire aussi que seuls les changements construits localement, à petite échelle, conduiront à des pratiques nouvelles et à leur pérennisation, dans une approche où chacun puisse se sentir acteur et responsable.
Enfin, il faut des ressources. Et c’est à l’employeur de les octroyer et d’en assurer le suivi. Il faut les exiger.
En cette rentrée 2013 donc, le pilotage de la classe s’établit sous turbulences: petits ou grands, structurels ou plus locaux, ressentis comme positifs ou menaçants, de nombreux changements impactent le travail des enseignants.
Dès lors, que chacune et chacun s’interroge et convienne qu’il est plus dynamique de préférer le soleil aux ténèbres, de sacrifier à Gandalf qu’à Sauron.
Même si l’angoisse est au rendez-vous, rien ne serait pire que de s’enfermer dans l’amertume et le pessimisme. Sortir de sa zone de confort est toujours un défi, et il n’existe pas de carte routière sûre pour atteindre les buts assignés à l’école.
Certains collègues ne savent pas, ou plus, comment retrouver la sortie; soyons à leurs côtés afin qu’à eux aussi le changement apparaisse comme une source potentielle de progrès pour la profession et pour ses agents, de progrès, d’abord, au bénéfice des élèves.
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