Plein écran - 9/2022
Invitations offertes !
10 invit' offertes respectivement pour Giuseppe et le Fantôme de l’hiver (Outside-the-box), Close (Filmcoopi), Le Sixième enfant (JMH). Expédier nom, prénom et adresse postale à secretariat@revue-educateur.net en indiquant l’objet du désir.
Exalter le courage sans renier la douceur
Le petit hérisson Giuseppe aspire à voir la neige. Mais ses parents respectent la tradition à la lettre : dès les premiers frimas, tous aux abris pour hiberner jusqu’au printemps car, selon la légende sylvestre, le Fantôme de l’hiver engloutirait les petits hérissons. Qu’à cela ne tienne, Giuseppe désobéit et part à la montagne avec Ariana trouver le Fantôme de l’hiver. Un voyage initiatique aux couleurs vivaces et avec le courage chevillé au corps. Précédé de trois très courts films sur comment surmonter ses peurs. Cahier d’activités autour des films pour enfants dès 4 ans : https://www.outside-thebox.ch/giuseppe/
Giuseppe et le Fantôme de l’hiver, Isabelle Favez, Suisse, 2022. Aux cinémas dès le 7 novembre.
L’amitié très proche de deux garçons sur le grill
Deux voix dans le noir. Deux préados qui se cachent, terrifiés d’être repérés par des poursuivants imaginaires. Ils s’échappent de leur repaire en piquant un sprint à travers champs. C’est encore l’été. Tout juste sortis de l’enfance, Léo et Rémi respirent la joie de vivre et l’amitié infinie. Demain, c’est l’entrée au secondaire. Ils se retrouvent dans la même classe et leur tendre complicité fait jaser. Léo réagit en prenant distance avec Rémi qui reste lui-même. La mise en scène évoque une chorégraphie des corps en constant mouvement : courir, s’allonger, pédaler, s’éloigner, se battre, se perdre l’un à l’autre. Les deux jeunes protagonistes sont incroyables d’intensité dans une large gamme d’émotions. Cette chronique sur l’amitié mais aussi sur la honte, la masculinité, le deuil et le sentiment de culpabilité est bouleversante de justesse. Grand Prix, Cannes 2022.
Close, Lukas Dhont, Belgique, 2022. Aux cinémas dès le 9 novembre.
À l'image de leur âne, l'âme douce d'un couple de paysans chinois surexploités
Quelque part en Mongolie-Intérieure, aux confins du désert de Gobi, le rude quotidien de la paysannerie chinoise explique probablement l'âpreté des rapports humains. Ma, le fils n°4 de la famille, un vieux célibataire acharné au travail, est exploité par sa famille qui arrange un mariage avec celle de Guiying, une trentenaire cabossée par les séquelles physiques de son enfance maltraitée. Ma et Guiying vont peu à peu s'entraider et s'apprécier au fur et à mesure des travaux des champs et de la construction de leur maison en briques de terre. Avec un sens aigu du cadrage et de la lumière naturelle, cette chronique élégiaque puise dans un néo-réalisme des plus lumineux et humanistes. Prix du public, Festival d'Extrême-Orient, Udine 2022.
Le Retour des hirondelles, Li Ruijun, Chine, 2022. Aux cinémas actuellement.
Récit d'apprentissage et thriller politico-religieux au Caire
Depuis sa fondation en l'an 972, l'Université al-Azhar du Caire, devenue la référence ultime de la pensée sunnite dans le monde, n'aura eu de cesse de partager son pouvoir avec les autorités civiles égyptiennes. Très photogénique, la mosquée al-Azhar est filmée comme un personnage en soi. Le spectateur la pénètre à la suite d'Adam, jeune imam de son village de pêcheurs, récemment admis comme boursier à l'université. Lors de la mort du grand imam, l'État égyptien tente de faire élire l'un de ses protégés à la tête de al-Azhar pour éviter qu'elle ne tombe sous le couperet des Frères musulmans. La Sûreté de l'État exige d'Adam, considéré comme un pauvre provincial manipulable, d'espionner les opposants. Entre joutes orales entre étudiants ou imams rivaux, entre trahisons et corruptions, Adam apprend très vite à ne se fier qu'à sa puissance d'argumentation que ne renierait aucun Jésuite ! La mise en scène est habile à créer une atmosphère de thriller initiatique, en alternant les intrigues en alcôves et les jeux d'influence dans les espaces somptueux de l'université et de la mosquée. Meilleur Scénario, Cannes 2022.
La Conspiration du Caire, Tarek Saleh, Égypte, 2022. Aux cinémas actuellement.
Les doutes spirituels de Gad Elmaleh : radicaux et féconds
Gad Elmaleh a pris tout le monde à contre-pied avec son retour à Paris après trois ans passés aux USA. À commencer par ses parents et sa sœur qui ont cru que leur Gad voulait les filmer pour une sorte d'autoportrait familial. Sa mère aimait à songer qu'il était revenu par nostalgie pour son couscous tandis que sa sœur était intimement convaincue qu'il vivait la crise de la cinquantaine. La raison était toute autre. Ce journal intime filmé par lui-même et dans lequel il joue également, révèle le fond de son cœur, ses doutes existentiels et l'amour des religions. Enfant juif de Casablanca (images familiales inédites), celui qui deviendra humoriste puis cinéaste a vécu une époque où les croyants des trois religions du Livre coexistaient paisiblement, même si ses parents lui interdisaient d'entrer dans une église ...D'où peut-être sa fascination pour le décorum catholique. Entre spectacle seul en scène, retraite dans un monastère, entretiens avec des prêtres, le rabbin familial et Delphine Horvilleur, également rabbin de tendance libérale, il se voit conforter dans ses questions :"T'es jamais toi-même que quand tu vas ailleurs." Dans la veine des meilleurs films de Woody Allen ou Nanni Moretti, Gad Elmaleh livre un regard vibrant sur l'identitté plurielle, accompagné de la douce et puissante musique d'Ibrahim Maalouf. Un regard pas totalement dénué de malice et d'humour. Le naturel revient toujours au galop !
Reste un peu, Gad Elmaleh, France, 2022. Aux cinémas dès le 16 novembre
Des flingues, des fleurs, du caviar et du rififi chez une famille
Abel se méfie des élans amoureux de sa mère, sexagénaire et prof de théâtre dans une prison. Quand elle lui apprend qu'elle va se marier avec un détenu dans l'enceinte de la maison d'arrêt , Abel redouble d'inquiétude. Cette chronique familiale basée sur des faits autobiographiques du réalisateur vire progressivement au polar burlesque puis au film de braquage rocambolesque avant de se clore en une comédie romantique des plus surprenantes. Des genres cinématographiques qui s'entrelacent, des mondes contrastés qui se mélangent pour le meilleur et le rire. Avec un cast explosif, Anouk Grinberg, Noémie Merlant, Roschdy Zem et Louis Garrel. Pour une réelle comédie de variétés ! À l'image de la musique du film. Meilleur Scénario, Festival international de Namur 2022.
L'Innocent, Louis Garrel, France, 2022. Aux cinémas actuellement.
Pacte de maternité entre intimité et intérêt
Frank et Meriem, gens du voyage sédentarisés dans une caravane, sont démuni·es face à la naissance prochaine de leur sixième enfant. Anna et Julien, avocat·es parisien·nes, tentent désespérément d’avoir un enfant. Frank propose une transaction, insensée aux yeux de la loi, à Julien. Prise par ce désir puissant de maternité, Anna n’hésite pas. Commence alors un thriller social à haute intensité que les liens d’intimité entre les deux femmes rendent incandescent. La mise en scène joue sur le contraste de ces deux mondes, ces quatre détresses, en alternant lumières stylisée et brute, musique âpre et mélodies lyriques du jazzman Louis Sclavis. Le tout servi par une interprétation de toute sobriété de Sara Giraudeau, Judith Chemla, Benjamin Laverhne et Damien Bonnard. Un premier film percutant et délicat Meilleur scénario, Meilleure actrice (Sara Giraudeau), Meilleure musique, Prix du Public, Festival du Film Francophone d’Angoulême 2022.
Le Sixième enfant, Léopold Legrand, France, 2022. Aux cinémas dès le 26 octobre.
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