«… dans certains établissements, enseigner aux 12-15 ans est devenu un Calvaire. Il est temps de s’en rendre compte et d’agir.» Quelques lignes de l’éditorial du Temps du 8 avril 2018 de Sylvain Besson qui ne sonneront, espérons-le, pas tel les trompettes de Jéricho.

Le terme de calvaire résonne de manière particulièrement aiguë et a le mérite de soulever bon nombre de questions. Nous n’avons, en Valais, certes pas encore atteint les sommets de cette colline au visage bien sombre mais il est important de se montrer méfiant et d’engager, dès à présent, une réflexion de fond car ces situations apparaissent déjà de manière sporadique. Ces phénomènes d’incivilité et de refus de travailler, qui prennent naissance dans des terreaux différents empoisonnent la vie de classe et nous empêchent de travailler de manière efficiente et sereine.

Je ne pense pas prêcher dans le désert lorsque je me permets d’affirmer qu’un élève qui s’ennuie ou qui ne comprend pas, finit inévitablement par se comporter de manière inadéquate. On peut dès lors se demander pourquoi arrivent ces moments de lassitude et d’incompréhension. Les thèses à ce sujet sont nombreuses et sans les hiérarchiser ni les valider, je me permets d’exposer quelques commentaires.

Nous sommes bien entendu confrontés à une génération d’élèves qui a pour habitude que les choses évoluent de plus en plus vite. Passer de nombreuses minutes, voire cours sur une même matière n’est pas une sinécure pour des élèves qui peinent à se concentrer sur une tâche demandant de la patience ou une certaine systématique. Comme le spectacle ne plait pas au public, ce dernier devient agité, bruyant et perturbant.

Parmi notre fidèle public, il en est certains qui à défaut de recevoir de l’aide pour porter leur croix, restent sur le bord du chemin et ne parviennent plus à avancer. Rythme trop rapide, pente trop abrupte, des sandalettes pour gravir une montagne… nous ne pouvons tout de même pas leur demander des miracles! Leur appel au secours est parfois bruyant, dérangeant mais souvent mal compris.

Les premiers ne sont pas forcément les derniers à poser problème. Souvent confortablement installés dans leurs certitudes et leur facilité, ils se laissent souvent et facilement bercer par les sirènes de l’arrogance.

Assemblez donc dans le même groupe ceux qui ne peuvent pas surmonter la difficulté et donc se montrent sous leur plus mauvais jour afin d’exister et ceux qui pourraient et sans doute voudraient plus mais qui finissent par s’ennuyer de ne pas pouvoir avancer plus vite et vous obtenez un cocktail détonnant. Quand l’aisance est trop grande ou les béquilles trop confortables, il est souvent compliqué voire impossible de fournir l’effort nécessaire le moment voulu. Le manque de travail s’installe à tous les degrés et il suffit de contrarier ne serait-ce qu’un peu ce doux ronron pour que l’élève se rebelle.

Ne plongeons pas dans la crainte immodérée et le défaitisme, il n’y aura sans doute pas de miracles, cependant, des bons Samaritains seront sur le chemin que nous avons décidé de suivre pour nous aider à porter une croix qui n’est au demeurant pas si lourde que ça.